« sur la guerre
pousseront les ruines
sur les ruines
pousseront les herbes
et ce sont elles
qu’on dira folles »
Ces quelques mots de Daniel Birnbaum, partagé par notre crieur public, l’incroyable Marien Guillé, disent beaucoup sur cette Fureur de Dire 2023.
Cette 4ème édition du festival des Arts de la Parole n’est pas une échappée hors de nos vies mais un espace pour habiter le monde dans sa complexité. Alors que le fracas des bombes, la contagion des peurs et le fléau des injustices occupent nos pensées, prendre 3 petites journées pour rassembler des histoires, des mots, des rires semble parfois dérisoire, mais ce dérisoire est empli d’essentiel.
D’abord la joie enfantine du rire
devant un conférencier décalé qui, sans le vouloir, nous donne envie de lire
devant les petits bouts du centre social qui veulent faire un câlin à la conteuse,
devant un québécois loufoque et décalé, qui nous transporte sur dans l’espace,
devant les jeunes fous furieux qui prennent l’antenne de Ram05 avec leur humour et leurs légitimes colères.
Ensuite la soif de savoir, de comprendre le monde pour mieux l’habiter
en réunissant les histoires rebelles dans un virevoltant plaidoyer pour l’agir,
en partageant la route de Provence à pied pour découvrir qu’il faut toujours des racines et des ailes,
en savourant un grand souffle de poésie rassemblée et improvisée, déclaration d’amour à la fragilité et à l’engagement.
Enfin l’émotion partagée,
le courage d’un village qui bifurque des vies et fait pousser des arbres,
la vie d’un enfant, de misère en souffrance et ses pas dans la neige,
la force d’un choix face à l’appel de la mort,
enfin contre les blessures du réel, les violences ordinaires,
l’importance des mots doux, la joie de slamer, la force de dire Non,
cette découverte intime pour le public de la Fureur :
les larmes mises en commun sont une preuve inouïe de ce qui nous rassemble, nous unit.
Alors bien-sur, il faudrait ne rien oublier
ni les criées publiques dans des spectateurs hilares et émus, collés serrés dans le hall,
ni les siestes poétiques et les jardins d’urgences,
ni les nuits et les jours à régler des projecteurs et inventer un système son sur mesure,
ni la médiathèque emplie de lecteurs et de lectrices en attente du prochain rendez-vous,
ni la joie des retrouvailles, le plaisir des rencontres,
ni le bar où l’on peut enfin boire des diabolo-menthe et des monacos,
ni le buffet de la gare qui devient restaurant accueillant pour les technicien-ne-s et les artistes,
ni le regard des gens venus de loin sur les paysages qui entourent notre village,
ne pas oublier non plus qu’accueillir ensemble l’automne c’est joyeux et incroyablement doux.
Cette Fureur de Dire 2023 restera pour nous, au cœur d’un monde qui souffre, un moment d’humanité partagé, un temps unique où nos actions quotidiennes prennent sens et force.
Rendez-vous est donc pris pour la Fureur de Dire 2024, mais aussi le Samedi 20 janvier pour les 20 ans du Pas de l’oiseau !!!
Furieusement,
Amélie, Cécilia, Olivier et Laurent.
A lire également